La réalité pixellisée puis l’altération des souvenirs comme une séquence logique.

Paul Philip est un plasticien français qui créé des oeuvres numériques depuis la fin des années 80 dans des champs muséographiques, industriels et d’architecture. L’omniprésente saturation visuelle d’images immatérielles l’a poussé depuis plusieurs années à créer des oeuvres physiques (bronzes, huiles sur bois) afin de redonner une opportunité à la perception lente des sens. A partir d’outils digitaux tels que Photoshop et les interfaces d’Intelligence Artificielle générative, il compose des scènes juxtaposant abstraction géométrique et figuration réaliste, qu’il transpose ensuite lentement à la main à l’aide d’outils et de techniques analogiques sur des supports tangibles. La vitesse de création numérique immatérielle est freinée et figée dans un moment d’observation face à l’objet créé manuellement. L’iconographie présente des moments de plaisirs , de sommeils ou de rêveries, sans doute éphémères (tensions, déséquilibres, entropie ou dangers). L’iconographie complexe se prolonge dans des formes géométriques simples qui sont en réalité les pixels agrandis d’où tout surgit. L’entropie apparaît sous la forme de groupes de pixels désaxés. Les oeuvres sont appelées “scroll” en référence aux images qui défilent sur nos téléphones portables. Puis dans une deuxième séquence viens le temps du souvenir de ces moments, la mémoire altère et simplifie l’iconographie pour finalement n’en rendre que les formes générales froissées, ne laissant à l’observateur que de vagues souvenirs du passé.

Ses bronzes quand à eux représentent des bouches seules ou accumulées en compositions géométriques simples et parfois anamorphosées, rappelant le travail de l’artiste japonais Tomio Miki avec ses séries d’oreilles en aluminium (1964).